Musique, sens et génie québécois

 
15 février 2016

La Symphonie fantastique dirigée par Jacques Lacombe, dans le cadre de la saison régulière de l’OSM, restera longtemps dans les mémoires. Sur un substrat cultivé par les deux derniers directeurs musicaux de l’orchestre, Lacombe a greffé la folie et les couleurs berlioziennes, notamment dans deux derniers mouvements infernaux.

Ce fut une Fantastique dans le sens Charles Munch et Paul Paray du terme, avec cette marge de manoeuvre supplémentaire dans la distorsion des couleurs et les emballements rythmiques. Parfaites, aussi, la disposition du hautbois et des cloches dans la salle, ainsi que la douleur du cor anglais (Berlioz) lorsque, à la fin du 3e mouvement, l’être aimé (hautbois) ne lui répond plus et fait place aux grondements de l’enfer (timbales).

Deux petits bémols. Il est invraisemblable qu’un chef qui comprend aussi bien cette symphonie ne joue pas la version avec cornet solo du Bal, puisque la trompette y anticipe les grincements de l’enfer. Enfin, on peut jouer « infernal » dans les couleurs, mais juste dans l’intonation les premières secondes du Finale (cuivres) puis le duo de clarinettes.

La direction tranchante et sans concessions de Lacombe a fait merveille dans Alborada del gracioso. Voir Gautier Capuçon bondir de sa chaise pour sauter au cou du chef montre que cette tonicité avait aussi fait des merveilles dans Dvorak. Pour ce qui est de la prestation impeccable du soliste, elle touchera plus ou moins selon la relation subjective que l’on peut avoir avec la couleur de son instrument. Personnellement, je n’aime pas beaucoup ce violoncelle froid aux résonances métalliques.

Christophe Huss, Le Devoir

 
 
Photo : Steve Rosen
Photo : Steve Rosen